L’amour de la musique? C’est depuis toujours! À Noël, quand je déballais des cadeaux, s’ils n’étaient pas musicaux, je ne les touchais même pas. J’avais un petit clavier Casio, je passais mes journées dessus, je voulais juste jouer de la musique. À quatre ans, j’ai forcé mes parents à me faire prendre des cours de piano. On m’enseignait du Bach mais ce que j’aimais, c’était les thèmes des émissions de télé comme Les Pierrafeu et The Jetsons.
À la fin des classes, je partais de mon quartier, dans Saint-Henri, et je me rendais à la Grande Bibliothèque pour en « éplucher » le quatrième étage : j’allais dans la section des musiques de film, je me réservais un lecteur CD et j’écoutais tout, systématiquement, en commençant par les A. Quand la bibli fermait, j’empruntais les trois CD suivants dans la rangée et je les écoutais chez moi ou à l’école. Puis je retournais à la bibliothèque et je continuais…
Adolescent, je ne considérais pas faire ma vie dans la musique, je me destinais plutôt en informatique ou en physique. Rendu à l’inscription au cégep, je me suis décidé à faire l’audition pour rentrer en musique à Marie-Victorin et on m’a accepté! Là-bas, j’ai eu comme prof James Gelfand, qui est l’un des compositeurs les plus occupés et prolifiques au Canada. C’est lui qui m’a enseigné comment synchroniser la musique à l’image, en prenant appui sur la théorie du jazz; comment écrire ma musique afin qu’elle n’entre pas en conflit avec des effets sonores; comment un accord Petrouchka peut appuyer efficacement un gag dans une œuvre comique; comment rendre ma musique plus petite quand on a un « moment de comédien » à l’écran… J’ai compris que j’étais un dramaturge moi aussi, au même titre que le scénariste, le directeur photo ou le scénographe. On travaille tous ensemble à créer une œuvre, chacun.e à partir de notre medium propre.
James m’a pris sous son aile, il m’amenait partout avec lui dans le cadre de stages, même dans ses réunions avec des producteurs. Et comme il travaillait à l’étranger, avec des réseaux comme NBC ou FOX notamment, il m’a ouvert les yeux sur le fait que je pouvais avoir un rayonnement à l’international.
J’ai commencé à composer des musiques pour des films étudiants et quelques productions plus tard, j’ai travaillé sur un long métrage, puis à la télé. Dans les premiers temps, tu galères beaucoup, tout le monde te refuse, mais c’est comme la bicyclette : tu déploies beaucoup d’effort pour les premiers coups de pédale, mais plus tu es sur ton erre d’aller, moins c’est difficile. C’est ce qui m’arrive en ce moment : j’ai le feeling que j’ai un bon vent de dos qui me fait avancer vite. Je travaille sur ces projets excitants dont j’ai hâte de pouvoir parler, avec des réalisateurs et des producteurs dont je n’aurais pu même rêver qu’ils puissent s’intéresser à mon travail.
Parallèlement à ma carrière, je continue de me former. Je suis allé étudier en musique numérique à l’Université de Montréal; je suis allé me chercher une mineure en animation 3D à l’institut NAD, pour mieux comprendre ce medium. J’ai étudié l’acoustique, pour comprendre comment le son se comporte, tant dans un instrument que dans un espace. J’ai pris des cours de psychoacoustique, pour apprendre comment le son est perçu par le cerveau. Pour pousser ma compréhension de la musique de film, je suis des cours en ligne pour obtenir une maîtrise de l’Université Berklee Online. Pourquoi toutes ces formations? Parce que souvent, je suis un pompier, appelé en urgence pour aller éteindre un feu dans une production. Et je n’ai qu’une seule chance de faire une bonne impression. Alors je veux avoir le plus gros coffre à outils possible pour pouvoir performer ce jour-là. C’est comme un entraînement pour ces occasions-là.
C’est aussi pour cette raison que 80 % de mon revenu est réinvesti dans de la formation, de l’équipement, des voyages de prospection, de la promotion. Oui, j’ai des cordes qui sonnent bien dans mon ordinateur, mais dans deux mois, il y aura une nouvelle technologie qui sera encore meilleure, et pour être compétitif, je dois constamment mettre la main sur ces outils-là. Je ne suis pas encore assez bon, assez hot, en fait je ne suis et serai jamais au niveau que je veux être, alors je me perfectionne constamment. Je veux trouver ma « patte », comme je dis, c’est-à-dire affiner mon style. Quand tu te trouves bon, c’est là que ça devient dangereux. Je veux travailler avec les meilleurs, partout sur la planète, alors je dois devenir le meilleur dans mon domaine. En deux mots : Think Big.
Medhat Hanbali est un compositeur spécialisé en musique à l’image. Il a signé la musique originale de plusieurs productions en cinéma, télévision, jeux vidéo et spectacles multimédias. Sa palette musicale couvre un registre allant de l’orchestral au jazz. Il a également travaillé à titre d’arrangeur pour plusieurs artistes canadiens tels que Bobby Bazini et Geneviève Leclerc. Pour en savoir davantages sur ses réalisations, visitez sont site Web : https://musiquedefilm.ca/