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Entretien avec Djody Jean-Claude

Peux-tu évoquer les débuts de ton parcours professionnel ? 

J’ai étudié en communications en anglais à Vanier College. Par la suite, j’ai eu plusieurs expériences en radio, de membre de la Beat Squad qui était chargée de faire la promotion de The Beat 92,5 au poste d’animatrice à CIBL. L’animation a été une expérience très formatrice car elle nécessitait d’être polyvalente : je devais écrire mes introductions moi-même, faire la recherche sur les artistes que j’allais mettre de l’avant, etc.

En quoi consiste ton rôle actuel de coordonnatrice de production ? 

Je suis coordonnatrice aux VL (vidéos légères) pour La semaine des quatre Julie. Notre département s’occupe de tous les tournages qui se situent à l’extérieur du studio. 

Je travaille étroitement avec la recherchiste dédiée aux VL. Elle s’occupe de trouver les artistes, de déterminer l’angle et le contenu, et je gère tout l’aspect technique et logistique : engager les techniciens, demander les autorisations de tournage, gérer la logistique, les feuilles de temps, etc.

Quelles sont les principales compétences requises par un tel poste ?

Pour bien faire ce travail, il faut être capable de se « retourner sur un dix cents » comme on dit ! Il faut également toujours garder son calme, pouvoir répondre à de multiples demandes de l’équipe et faire preuve de beaucoup de rigueur et de clarté. Comme la charge de tournages peut être très variable, cela nécessite enfin une bonne adaptabilité. 

Quelle est ta plus grande réalisation professionnelle ?

Je suis particulièrement fière d’être membre du jury pour le Gala Dynastie qui récompense les artistes issu.e.s des communautés noires. L’an dernier, nous avons d’ailleurs couvert le gala lors de l’émission de Julie et les gagnant.e.s ont été invité.e.s sur le plateau. Je suis toujours aussi heureuse et fébrile de pouvoir mettre de l’avant des artistes de ma communauté. Même si nous n’avons pas toujours les mêmes opportunités que d’autres, on sent quand même un vent de changement positif et je suis contente de pouvoir participer à cette évolution.

Quel regard portes-tu sur la télévision québécoise actuelle ? Quels sont ses bons coups ? Ses principaux défis ?

L’un des plus grands défis concerne les jeunes. Il y a un gros travail à faire pour les rejoindre, puisqu’ils regardent beaucoup de contenu sur les plateformes américaines. Je pense que la solution passe entre autres par le développement de contenus qui s’adressent davantage à eux, à travers des émissions qui représentent mieux la diversité de la société d’aujourd’hui.

Je trouve d’ailleurs qu’il y a plusieurs émissions inspirantes de ce point de vue. Je pense notamment au Gala Mammouth, ou encore à l’émission de danse Révolution, un concept rassembleur avec des participant.e.s de tous horizons, âges et ethnicités. Sur un autre registre, la victoire de Stevens et Ines lors de l’édition 2021 d’Occupation Double a été tout aussi encourageante pour moi, puisqu’elle démontrait que le Québec avait voté pour un couple issu de la diversité dans le cadre de l’émission de télé-réalité la plus populaire de la province.

Avais-tu et as-tu encore des modèles qui t’inspirent en animation ? Quelles sont les qualités d’une bonne animatrice selon toi ?

Une bonne animatrice agit comme une capitaine rassembleuse. Il faut de la rigueur, une grande connaissance du milieu et une véritable curiosité envers les invité.e.s, tout en se souciant du bien-être de son équipe. Julie Snyder a toutes ses qualités et c’est un rêve de travailler à ses côtés. Je pense également à Isabelle Racicot et Anne-Marie Withenshaw. Parfaitement bilingues, à l’aise en télévision et en radio, d’une gentillesse sans faille, elles m’inspirent depuis longtemps.

Quels seraient tes principaux conseils pour la relève ?

Être patient.e et ne jamais lâcher. Ne pas hésiter à écrire aux producteurs et productrices pour proposer sa candidature. Parfois, ça passera par des stages avec de longues heures, mais les portes ne sont jamais fermées : personne ne laisse passer quelqu’un qui travaille bien ! De façon plus générale, il faut toujours être en processus de création et rester à l’affût de l’actualité locale et internationale dans son domaine. J’encouragerais également celles et ceux qui veulent développer du contenu web. De nombreux diffuseurs sont à l’affût de nouvelles voix à travers ces propositions.

Mis à part celui que tu occupes actuellement, quel serait ton poste de rêve dans l’industrie culturelle ? 

Hormis l’animation, j’aimerais beaucoup concevoir un projet d’émission qui mette en valeur les femmes de toutes origines, afin de créer des opportunités pour celles qui en ont moins.

 

Entrevue réalisée par Bruno Dequen pour l'Académie.

Crédit photo : Manoucheka Lacherie

 

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